Dans mon précédent article sur la culpabilité d’avoir une préférence, les nombreux commentaires ont fait remonter la place à part de l’aîné(e) dans notre vie de parents, celle d’être celui ou celle qui nous a fait naître parents.
À partir de là, je me suis questionnée : on parle aussi beaucoup de la place du petit dernier, celui dont on sait que ce sera nos dernières premières fois en tant que parents.
Selon le professeur d’histoire des sciences, au sein du département des sciences cognitives du Massachusetts Institute of Technology, Frank J. Sulloway, notre place dans le monde adulte serait donc déterminée par notre rang de naissance : aîné leader, enfants du milieu pacifique, médiateur, et benjamin trublion.
La différence d’âge et le hasard de la répartition des sexes dans la fratrie ont aussi un rôle à jouer, ne serais-ce que dans les rapports tour à tour complices ou rivaux entre frère et soeur … (et maintenant, je me demande si avec leur 20 mois d’écart FeuFolet et LutinCoquin seront plutôt complices ou rivaux ...)

Pourtant, il y a aussi une construction sociale et familiale de la place et du rôle dans la fratrie : un 2ème, plus « brillant » peut donc être ainsi considéré comme l’aîné dans la famille, dans le cas d’aînés gémellaires le rôle d’aîné peut varier en fonction des « dominations ».
J’en vois l’exemple dans ma propre gémellité : si on regarde les films de notre petite enfance, je suis souvent celle qui « domine » ma soeur, me plaçant alors dans un rôle d’aîné et elle de cadette. Cette répartition des rôles va être complètement renversée, en partie à cause du regard parental, lors de notre entrée en CP où ma soeur s’est avéré plus « brillante », plus travailleuse, plus « sage ». Tout un tas de qualificatifs souvent associés à l’aînesse.
Mais, j’ai le sentiment qu’inconsciemment, mes parents ont de nouveau bouleversé cet « ordre établi » du fait de mon mariage et de ma maternité qui me font basculer dans la cours des « vrais » adultes vis à vis de ma soeur qui privilégie sa carrière et sa « liberté ».

Or selon la psycho-généalogie, notre place dans la fratrie détermine en partie notre caractère, notre place dans le monde adulte, mais aussi la relation avec nos enfants !
Les Chinois auraient découvert il y aurait plusieurs siècles cette loi « bio-logique » :
1 = premier de sa fratrie etc…
1 2 3
4 5 6
7 8 9
10 11 12
Selon cette table, en tant qu’aîné, nous serions plus proche de nos 1er, 4ème, 7ème (etc. soyons fou), un deuxième plus proche du 2nd, 5ème, 8ème enfants et ainsi de suite …
Dans ce cas, selon que je suis l’aînée ou la cadette de notre sororité gémellaire, je serais donc censée me sentir plus proche soit de mon 1er, donc FeuFolet (et de mon hypothétique 4ème), soit de mon 2ème LutinCoquin. À voir aussi si celà change avec le temps et l’âge auxquel me renvoie chacun de mes enfants.
Pour le Breton, c’est facile, il est le 3ème de sa fratrie. Mais il est aussi l’enfant du milieu d’une fratrie de 5, qui pourrait aussi le pousser à plus d’affinité avec LutinCoquin (et un hypothétique 3ème qui ne serait pas le petit dernier)
À la naissance de LutinCoquin, je m’étais déjà procurée « Frères et Sœurs sans rivalité » de Farber & Mazlish, (ça vous dit à quel point les relations fraternelles me fascinent et m’inquiètent un peu parfois), mais après toutes ces recherches, je lirais bien aussi « Frères et Sœurs, chacun cherche sa place » de Françoise Peille, qui malheureusement n’est plus disponible.